A peu près toute activité de transformation débouche sur des biens ou des services ayant une valeur d’échange. Tout ce qui est produit, au sens large, est donc susceptible de susciter les convoitises de personnes peu enclines à payer ou offrir quelque chose en échange de ces biens ou de ces services. La fabrication des billets de banque, aussi appelée impression fiduciaire, ne fait naturellement pas exception à la règle, bien au contraire. Mais la logique de protection des produits va bien au-delà de la seule protection d’un stock ou du produit fini, dans un contexte où le client, généralement un Etat ou une banque centrale, a des exigences bien particulières. Il va de soi, de plus, que livrer un produit représentant parfois des milliards en devises locales n’a rien d’anodin.
Sécuriser les approvisionnements
Comme toute entreprise n’exploitant pas directement une matière première naturelle et facilement accessible (comme le pétrole affleurant du sol en Arabie Saoudite par exemple), Oberthur Fiduciaire doit veiller à sécuriser ses approvisionnements. Cela signifie comme tout-un-chacun vérifier la disponibilité des stocks de « matières premières » chez ses fournisseurs et s’assurer de leur livraison en temps et en heure.
Mais la première particularité de l’impression fiduciaire tient à la valeur des matières premières. Il est toujours possible de photocopier un billet chez soi et de le sortir sur une imprimante grand public, mais il est peu probable que cela trompe, ne serait-ce que l’épicier du coin. Afin d’annihiler les possibilités de contrefaçon, la fabrication de billets de banque fait appel à des matériaux bien spécifiques : papiers de coton, encres spécifiques, bandes de sécurité, hologrammes… Les « ingrédients » de l’impression fiduciaire sont donc des cibles de choix pour les contrefacteurs potentiels, car seule leur possession permet de réaliser des faux-billets ayant une chance de tromper au-delà du premier commerçant venu.
Les billets incorporent nombre de dispositif relevant du secret industriel. Certaines de ces technologies sont propres à Oberthur Fiduciaire, d’autres sont achetés auprès d’entreprises aussi discrètes que spécialisées, et intégrés lors de l‘impression/fabrication des billets. Pour Oberthur Fiduciaire, la supply chain revêt donc une importance cruciale, en termes de disponibilité des fournitures nécessaires, mais aussi et surtout en termes de sécurité : il ne suffit pas de disposer des éléments nécessaires, encore faut-il s’assurer que personne d’autre (en particulier les réseaux criminels) n’y a accès.
L’impression fiduciaire repose sur un principe d’exclusivité dans l’accès aux « ingrédients », raison pour laquelle Oberthur Fiduciaire trie ses fournisseurs sur le volet, parmi des entreprises partageant la même « culture » de sécurité et de discrétion. Le public ne connait que quelques-uns des dispositifs de sécurité (même si les citoyens sont aussi des acteurs de la lutte anti-contrefaçons), les banques commerciales généralement une dizaine, et les banques centrales la totalité, soit plusieurs dizaines.
C’est là une autre particularité de l’impression fiduciaire : en raison de la spécificité des donneurs d’ordres, banques centrales ou Etat, l’imprimeur fiduciaire a l’obligation d’être transparent avec l’administration, tout en conservant un secret absolu sur ses procédés vis-à-vis du « public », au sens large. En effet, compte tenu de la sensibilité du bien produit, les banques centrales imposent un reporting régulier, à toutes les étapes de la production, et contrôlent à la fois les produits, la production, mais aussi les procédés et technologies employés. La Banque Centrale Européenne ne fait imprimer les euros qu’auprès d’imprimeurs certifiés par ses soins, certification qui nécessite un reporting complet. Sachant qu’il s’agit d’un argument majeur dans les réponses aux appels d’offres, Oberthur Fiduciaire a fait du reporting une marque de fabrique, en dépassant notamment les exigences de la BCE.
Protéger la fabrication et la livraison
Une fois mise en sécurité la « matière » pour produire, le chemin reste encore long. Le but reste d’intégrer le maximum de dispositifs de sécurité possibles pour assurer la non-reproductibilité, la durabilité et la traçabilité des billets ainsi produits. Evolution du contexte sécuritaire oblige, Oberthur Fiduciaire a considérablement renforcé la sécurité physique de ses sites, sur la base d’une « politique de défense globale contre des menaces extérieures ». Il s’agit de protéger les infrastructures mais aussi les personnes, dont les connaissances ou les savoir-faire ont également une importance capitale dans la production. Thomas Savare, directeur général d’Oberthur Fiduciaire en est convaincu, « Les faussaires se sont professionnalisés et organisés. A tel point que derrière chaque réseau de faussaires, on trouve forcément des ingénieurs ». Même la grande criminalité nécessite des personnes de plus en plus formées. La connaissance et les savoir-faire eux-mêmes sont également à protéger, même une fois que les billets ont quitté l’usine. Mais même une fois passé les grilles, la mission ne s’arrête pas.
Qu’un billet soit volé ou contrefait dans le pays où il est utilisé n’est pas du ressort d’Oberthur Fiduciaire, mais des autorités administratives et judiciaires en charge d’assurer l’ordre et rendre la justice dans le pays concerné. Par contre, lorsqu’Oberthur Fiduciaire imprime des billets pour un pays client, l’entreprise est responsable du bon acheminement de tonnes de billets en liquide jusque dans les coffres de la Banque Centrale du pays destinataire. Compte tenu des contrats obtenus par Oberthur Fiduciaire et des quantités de billets concernés, chaque livraison représente généralement plusieurs centaines de millions d’euros de billets en valeur ; de quoi créer bien des vocations de braqueurs. C’est la raison pour laquelle, à l’instar des sociétés de transports de fond, les lieux d’impression d’Oberthur Fiduciaire sont, d’une part, relativement discrets, mais en plus considérés comme de véritables forteresses. Reste la question du transport de tonnes de palette de billets. Là encore, protection et discrétion sont de rigueur. S’agissant de l’impression de la monnaie d’un Etat, il n’est pas rare que l’armée soit de la partie, comme lorsque l’armée assura la garde des euros fraichement imprimés en 2001, juste avant leur injection dans les circuits monétaires.
De l’amont et l’aval, l’obsession de la sécurité est donc permanente, au point d’en faire une des caractéristiques du secteur. L’exemple des billets de banque est quelque peu extrême mais il illustre bien ce qui signifie concrètement s’occuper de A à Z de ses circuits d’approvisionnement et de distribution.
Sécuriser les approvisionnements
Comme toute entreprise n’exploitant pas directement une matière première naturelle et facilement accessible (comme le pétrole affleurant du sol en Arabie Saoudite par exemple), Oberthur Fiduciaire doit veiller à sécuriser ses approvisionnements. Cela signifie comme tout-un-chacun vérifier la disponibilité des stocks de « matières premières » chez ses fournisseurs et s’assurer de leur livraison en temps et en heure.
Mais la première particularité de l’impression fiduciaire tient à la valeur des matières premières. Il est toujours possible de photocopier un billet chez soi et de le sortir sur une imprimante grand public, mais il est peu probable que cela trompe, ne serait-ce que l’épicier du coin. Afin d’annihiler les possibilités de contrefaçon, la fabrication de billets de banque fait appel à des matériaux bien spécifiques : papiers de coton, encres spécifiques, bandes de sécurité, hologrammes… Les « ingrédients » de l’impression fiduciaire sont donc des cibles de choix pour les contrefacteurs potentiels, car seule leur possession permet de réaliser des faux-billets ayant une chance de tromper au-delà du premier commerçant venu.
Les billets incorporent nombre de dispositif relevant du secret industriel. Certaines de ces technologies sont propres à Oberthur Fiduciaire, d’autres sont achetés auprès d’entreprises aussi discrètes que spécialisées, et intégrés lors de l‘impression/fabrication des billets. Pour Oberthur Fiduciaire, la supply chain revêt donc une importance cruciale, en termes de disponibilité des fournitures nécessaires, mais aussi et surtout en termes de sécurité : il ne suffit pas de disposer des éléments nécessaires, encore faut-il s’assurer que personne d’autre (en particulier les réseaux criminels) n’y a accès.
L’impression fiduciaire repose sur un principe d’exclusivité dans l’accès aux « ingrédients », raison pour laquelle Oberthur Fiduciaire trie ses fournisseurs sur le volet, parmi des entreprises partageant la même « culture » de sécurité et de discrétion. Le public ne connait que quelques-uns des dispositifs de sécurité (même si les citoyens sont aussi des acteurs de la lutte anti-contrefaçons), les banques commerciales généralement une dizaine, et les banques centrales la totalité, soit plusieurs dizaines.
C’est là une autre particularité de l’impression fiduciaire : en raison de la spécificité des donneurs d’ordres, banques centrales ou Etat, l’imprimeur fiduciaire a l’obligation d’être transparent avec l’administration, tout en conservant un secret absolu sur ses procédés vis-à-vis du « public », au sens large. En effet, compte tenu de la sensibilité du bien produit, les banques centrales imposent un reporting régulier, à toutes les étapes de la production, et contrôlent à la fois les produits, la production, mais aussi les procédés et technologies employés. La Banque Centrale Européenne ne fait imprimer les euros qu’auprès d’imprimeurs certifiés par ses soins, certification qui nécessite un reporting complet. Sachant qu’il s’agit d’un argument majeur dans les réponses aux appels d’offres, Oberthur Fiduciaire a fait du reporting une marque de fabrique, en dépassant notamment les exigences de la BCE.
Protéger la fabrication et la livraison
Une fois mise en sécurité la « matière » pour produire, le chemin reste encore long. Le but reste d’intégrer le maximum de dispositifs de sécurité possibles pour assurer la non-reproductibilité, la durabilité et la traçabilité des billets ainsi produits. Evolution du contexte sécuritaire oblige, Oberthur Fiduciaire a considérablement renforcé la sécurité physique de ses sites, sur la base d’une « politique de défense globale contre des menaces extérieures ». Il s’agit de protéger les infrastructures mais aussi les personnes, dont les connaissances ou les savoir-faire ont également une importance capitale dans la production. Thomas Savare, directeur général d’Oberthur Fiduciaire en est convaincu, « Les faussaires se sont professionnalisés et organisés. A tel point que derrière chaque réseau de faussaires, on trouve forcément des ingénieurs ». Même la grande criminalité nécessite des personnes de plus en plus formées. La connaissance et les savoir-faire eux-mêmes sont également à protéger, même une fois que les billets ont quitté l’usine. Mais même une fois passé les grilles, la mission ne s’arrête pas.
Qu’un billet soit volé ou contrefait dans le pays où il est utilisé n’est pas du ressort d’Oberthur Fiduciaire, mais des autorités administratives et judiciaires en charge d’assurer l’ordre et rendre la justice dans le pays concerné. Par contre, lorsqu’Oberthur Fiduciaire imprime des billets pour un pays client, l’entreprise est responsable du bon acheminement de tonnes de billets en liquide jusque dans les coffres de la Banque Centrale du pays destinataire. Compte tenu des contrats obtenus par Oberthur Fiduciaire et des quantités de billets concernés, chaque livraison représente généralement plusieurs centaines de millions d’euros de billets en valeur ; de quoi créer bien des vocations de braqueurs. C’est la raison pour laquelle, à l’instar des sociétés de transports de fond, les lieux d’impression d’Oberthur Fiduciaire sont, d’une part, relativement discrets, mais en plus considérés comme de véritables forteresses. Reste la question du transport de tonnes de palette de billets. Là encore, protection et discrétion sont de rigueur. S’agissant de l’impression de la monnaie d’un Etat, il n’est pas rare que l’armée soit de la partie, comme lorsque l’armée assura la garde des euros fraichement imprimés en 2001, juste avant leur injection dans les circuits monétaires.
De l’amont et l’aval, l’obsession de la sécurité est donc permanente, au point d’en faire une des caractéristiques du secteur. L’exemple des billets de banque est quelque peu extrême mais il illustre bien ce qui signifie concrètement s’occuper de A à Z de ses circuits d’approvisionnement et de distribution.