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Le rétablissement du jour de carence, une mesure pénalisante mais efficace pour faire baisser l’absentéisme



Mardi 13 Août 2024 - 15:52

Depuis 2018, le rétablissement du jour de carence dans la fonction publique française a entraîné une diminution des absences pour maladie au sein de l’Éducation nationale. Cependant, cette mesure pénalise plus fortement certaines catégories de personnel, notamment les femmes et ceux travaillant en éducation prioritaire. Une analyse détaillée des effets, réalisé par l’INSEE, montre des disparités importantes selon la durée des absences et les caractéristiques sociodémographiques des agents.


Jour de carence : les femmes sont pénalisées plus que les hommes par cette mesure

Le retour du jour de carence en 2018, après une première expérience en 2012-2013, a eu pour effet de réduire fortement les absences pour maladie dans l’Éducation nationale. Concrètement, la fréquence des arrêts maladie a diminué de 23% en moyenne, avec un impact plus marqué sur les absences de courte durée. Les absences de moins de sept jours, par exemple, ont diminué de près de 44%. Cette réduction semble répondre à l'objectif initial de la mesure : limiter les absences jugées injustifiées ou excessives.

Toutefois, cette baisse des absences n’est pas sans conséquences. Les données analysées par l’INSEE montrent que les femmes, qui représentent une large majorité des effectifs de l'Éducation nationale, sont plus pénalisées financièrement par cette mesure. En effet, elles s’absentent plus souvent que leurs homologues masculins, ce qui entraîne une perte de revenu plus fréquente. De plus, les personnels travaillant dans les zones d’éducation prioritaire, où les conditions de travail sont souvent plus difficiles, continuent de présenter des taux d'absence plus élevés, même après la réintroduction du jour de carence.

Les enseignants âgés, en CDI et exerçant à temps plein sont davantage impactés par le jour de carence

L’effet du jour de carence varie également en fonction de l’âge et du statut des personnels. Les agents de plus de 50 ans, par exemple, sont moins fréquemment absents, mais leurs congés pour maladie sont plus longs. Ce phénomène pourrait s’expliquer par une santé plus fragile ou par la nécessité de prendre des congés prolongés pour des affections sérieuses. Par ailleurs, les agents en contrat à durée indéterminée et ceux exerçant à temps plein sont également plus touchés par l’application de cette mesure, en raison de leur plus grande ancienneté et de leur exposition continue aux conditions de travail difficiles.

La mise en place du jour de carence soulève ainsi des questions importantes sur l’équité de cette mesure. Si elle permet de réduire globalement les absences pour maladie, elle semble renforcer les inégalités existantes au sein de l’Éducation nationale, notamment en ce qui concerne les femmes et les personnels des zones d’éducation prioritaire. De plus, l’absence d’effet significatif sur les congés de longue durée pose la question de l’efficacité réelle de cette mesure pour améliorer la santé des agents.
 


Anton Kunin







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