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La loi sur le Partage de la Valeur : Un nouveau défi pour les PME dès 2025



Vendredi 27 Décembre 2024 - 11:09

La redistribution des bénéfices en entreprise s’apprête à franchir une nouvelle étape décisive en France avec l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2025, de la loi sur le partage de la valeur. Ce dispositif impose à certaines petites et moyennes entreprises (PME) de mettre en place des mécanismes destinés à redistribuer leurs bénéfices de manière plus équitable. L’objectif : renforcer la cohésion sociale tout en répondant aux attentes croissantes des salariés en matière de justice économique.


Un périmètre clairement défini pour l’application de la loi

Cette loi s’applique aux entreprises comptant entre 11 et 49 salariés, sous forme de sociétés (SA, SARL, SAS, etc.). Les entreprises concernées doivent avoir réalisé, sur trois exercices consécutifs (2022, 2023 et 2024), un bénéfice net équivalent à au moins 1 % de leur chiffre d’affaires. Si les critères sont remplis, ces PME auront l’obligation de mettre en œuvre un des dispositifs prévus par le texte législatif. Environ 1,5 million de salariés seront ainsi concernés par cette mesure, qui sera mise en œuvre à titre expérimental sur une période de cinq ans.

Les entreprises individuelles, ainsi que celles opérant sous un modèle coopératif ou déjà couvertes par un accord d’intéressement ou de participation, en sont exemptées. Cette précision vise à éviter les redondances administratives et à cibler les structures où de telles pratiques restent rares.

Quelles options s’offrent aux entreprises ?

La loi offre une certaine flexibilité en proposant trois mécanismes distincts. Les entreprises peuvent ainsi opter pour une prime de partage de la valeur, négocier un accord d’intéressement ou de participation, ou encore abonder un plan d’épargne salariale tel qu’un PEE (Plan d’Épargne Entreprise) ou un Pereco (Plan d’Épargne Retraite Collectif). Ce choix vise à permettre aux PME d’adopter la solution la plus adaptée à leur organisation, tout en garantissant une redistribution effective des bénéfices.

Une étude récente réalisée par UPCoop met en lumière un fort sentiment d’iniquité parmi les salariés français concernant le partage des bénéfices. Près de 79 % des sondés estiment que ces mécanismes profitent principalement aux dirigeants et aux actionnaires, au détriment des employés. Les grandes entreprises, en particulier, apparaissent comme les moins équitables aux yeux des salariés, seuls 15 % d’entre eux considérant que le partage y est juste. À l’inverse, les coopératives sont perçues de manière très positive, 64 % des sondés les jugeant plus équitables dans leur gestion des bénéfices.

La nouvelle loi vise à répondre à ces attentes en imposant des mécanismes qui associent les salariés à la réussite économique de leur entreprise. Selon un baromètre OpinionWay, 53 % des salariés considèrent que le partage équitable des bénéfices est un enjeu prioritaire. Toutefois, seuls 58 % d’entre eux estiment que la répartition actuelle est juste, contre 75 % des dirigeants.

Loi sur le Partage de la Valeur : des défis de mise en œuvre

Pour les entreprises, la mise en place de ces dispositifs représente un défi logistique et organisationnel. Toutefois, des outils simplifiés sont déjà disponibles pour accompagner les employeurs. Des plateformes telles que celle de l’Urssaf permettent, par exemple, de concevoir des accords d’intéressement ou de participation directement en ligne. Ces outils visent à réduire la complexité administrative tout en garantissant la transparence des mécanismes adoptés.

La loi prévoit également des incitations fiscales et sociales pour encourager les entreprises à se conformer à ces nouvelles obligations. Ces avantages pourraient alléger le coût de la mise en œuvre et renforcer l’adhésion des employeurs au dispositif.



 


Paolo Garoscio







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