Apple se définit tout à la fois comme un constructeur et un éditeur : l'entreprise développe des systèmes d'exploitation qui ne sont utilisables qu'au sein de ses propres machines. Dans les années 90, la société avait tenté l'aventure des « clones » de Mac, en autorisant quelques constructeurs à mettre au point des ordinateurs fonctionnant sous la plateforme Mac OS. Steve Jobs, de retour aux commandes d'Apple en 1997, remet les choses en ordre en retirant ces licences. Depuis, l'entreprise a connu de nombreux succès, à tel point qu'elle est devenue une des sociétés les plus rentables au monde.
Microsoft, né dans la foulée d'Apple, a suivi une trajectoire tout à fait inverse. Le coup de génie de Bill Gates, fondateur de Microsoft, a été de diffuser largement des licences de son système d'exploitation Windows à tous les constructeurs qui le souhaitaient - le premier d'entre eux fut IBM. La bonne fortune de l'éditeur continue de reposer sur la vente de licences. Microsoft, tout comme Apple, engrange les milliards de dollars sur la base de modèles économiques complètement différents.
Depuis le lancement de Windows 8 en octobre 2012, la stratégie de Microsoft a commencé à se rapprocher de celle d'Apple. L'éditeur s'est en effet lancé dans la conception de ses propres produits, avec les tablettes Surface puis le rachat des activités mobiles de Nokia. De fait, Microsoft est donc devenu constructeur informatique, sans connaitre la même fortune qu'Apple : Surface bénéficie d'un succès d'estime (en particulier depuis la deuxième génération lancée en octobre dernier) mais sans commune mesure avec le carton de l'iPad.
L'autre facteur qui définit la rivalité entre les deux entreprises est la volonté de Microsoft d'unifier l'expérience Windows à travers tous les ordinateurs et tablettes. De fait, Windows 8 a été pensé pour fonctionner aussi bien sur une tablette de 8 pouces que sur un PC de bureau de 27 pouces. Apple a préféré développer un système d'exploitation spécifique pour ses produits mobiles (iOS pour iPhone et iPad), et un autre pour les ordinateurs (OS X pour l'iMac, les MacBook, le Mac Pro).
Jusqu'à présent, la stratégie poursuivie par Apple est la bonne, mais rien ne dit qu'à force de peaufinage et d'amélioration, Microsoft ne parvienne pas un jour à imposer Windows sur le marché des tablettes et des smartphones.