De Taylor à Likert : vers la décentralisation
Illustration: Free Digital Photos, Jesadaphorn
L’autoritarisme est mort, vive le management ! Depuis la parution du Gouvernement participatif de l’entreprise de Rensis Likert en 1961, on sait que les différentes natures des relations employeur-employé ont un impact significatif sur les résultats, dans des entreprises à organisation similaire. Ainsi, un schéma mettant à contribution l’employé dans les prises de décisions, plutôt que sur les seules tâches qu’il a à effectuer, se révèle plus productif. Allant à l’encontre de la parcellisation du travail prônée par Taylor, les constats de Likert, liés aux changements politiques, économiques et sociétaux, ont eu un profond impact sur la vision de la hiérarchie « moderne ».
Sur cent chefs d’entreprise interrogés par The Economist Intelligence Unit, soixante-trois prévoient, à l’horizon 2020, une décentralisation de plus en plus poussée. (1) Dans une société qui demande toujours plus d’épanouissement individuel, l’entreprise était un secteur qui avait besoin d’être repensé. Par ailleurs, il est maintenant avéré que la prise en considération de l’humain crée à la fois plus de flexibilité, une meilleure productivité et une motivation décuplée des salariés.
Alors si, chez certains, la restructuration nécessaire ne fait que commencer, pour d’autres, elle porte déjà ses fruits.
Sur cent chefs d’entreprise interrogés par The Economist Intelligence Unit, soixante-trois prévoient, à l’horizon 2020, une décentralisation de plus en plus poussée. (1) Dans une société qui demande toujours plus d’épanouissement individuel, l’entreprise était un secteur qui avait besoin d’être repensé. Par ailleurs, il est maintenant avéré que la prise en considération de l’humain crée à la fois plus de flexibilité, une meilleure productivité et une motivation décuplée des salariés.
Alors si, chez certains, la restructuration nécessaire ne fait que commencer, pour d’autres, elle porte déjà ses fruits.
Pernod Ricard : l’esprit entrepreneurial
Ainsi chez Pernod Ricard, numéro un mondial sur les spiritueux Premium et de prestige, la décentralisation apparaît comme une évidence. Le groupe place la décentralisation comme fondement de son organisation. Elle permet en effet une plus grande liberté dans la construction de ses marques comme entités uniques, l’accroissement de son profit, mais aussi l’accroissement des capacités de ses collaborateurs. Et pour Pernod Ricard, cette décentralisation est intrinsèquement liée à l’éthique et la confiance.
Mais l’aspect fondamental qui donne une dimension humaine à son management, c’est l’esprit entrepreneurial : « Entreprendre, c’est être capable de faire des choix, de prendre des décisions. Les managers sont donc valorisés pour leur qualité de leadership, leur capacité à assumer les responsabilités et à prendre des risques mesurés. En contrepartie, Pernod Ricard admet le droit à l’erreur, considérant que cela permet de renforcer l’esprit d’initiative. » (2)
Responsabilisés, mis au centre du processus économique du groupe, les salariés sont plus opérationnels que s’ils étaient cloisonnés à l’application d’une directive. Pour Pernod Ricard, cette décentralisation permet de mieux s’adapter au marché et de faire preuve d’une plus grande réactivité.
Mais l’aspect fondamental qui donne une dimension humaine à son management, c’est l’esprit entrepreneurial : « Entreprendre, c’est être capable de faire des choix, de prendre des décisions. Les managers sont donc valorisés pour leur qualité de leadership, leur capacité à assumer les responsabilités et à prendre des risques mesurés. En contrepartie, Pernod Ricard admet le droit à l’erreur, considérant que cela permet de renforcer l’esprit d’initiative. » (2)
Responsabilisés, mis au centre du processus économique du groupe, les salariés sont plus opérationnels que s’ils étaient cloisonnés à l’application d’une directive. Pour Pernod Ricard, cette décentralisation permet de mieux s’adapter au marché et de faire preuve d’une plus grande réactivité.
La Poste : décentralisation et délégation
De la même manière, à son arrivée à La Poste en 2002, Jean-Paul Bailly prend les choses en main. Il s’attaque à la décentralisation de l’organisation comme du fonctionnement du groupe. La Poste s’articule désormais autour de cinq métiers : Courrier, Colis, Services financiers, Enseignes (bureaux de Poste) et Supports et structures. (3) Chaque entité a une gestion autonome ; par ailleurs, la hiérarchie est réduite.
Ainsi l’évolution stratégique repose sur une délégation décisionnelle au niveau managérial. « Nous devons conduire une nouvelle étape de décentralisation (…) pour favoriser l’initiative. Le mode de conduite du changement nous demande une plus grande écoute et plus grande participation de nos collaborateurs. Concernant le management (…), il nous faut affaiblir le prescriptif descendant, simplifier la vie et les procédures de chacun », déclare Jean-Paul Bailly. (4)
Par ailleurs, La Poste s’est dotée d’une structure intermédiaire afin de regrouper les différents métiers dont l’organisation opérationnelle diffère. Faisant le lien entre l’établissement et le siège, le responsable du Niveau opérationnel de déconcentration (NOD) dispose d’une délégation de pouvoirs étendue pour les ressources humaines, la gestion financière mais aussi pour tous les organes consultatifs nécessaires à la mise en œuvre de leurs responsabilités. (3)
En 2013, le résultat net part du groupe atteint les 627 millions d’Euros (contre 479 l’année précédente). La restructuration décentralisée permet une meilleure gestion des métiers. Le groupe La Poste se porte bien.
Ainsi l’évolution stratégique repose sur une délégation décisionnelle au niveau managérial. « Nous devons conduire une nouvelle étape de décentralisation (…) pour favoriser l’initiative. Le mode de conduite du changement nous demande une plus grande écoute et plus grande participation de nos collaborateurs. Concernant le management (…), il nous faut affaiblir le prescriptif descendant, simplifier la vie et les procédures de chacun », déclare Jean-Paul Bailly. (4)
Par ailleurs, La Poste s’est dotée d’une structure intermédiaire afin de regrouper les différents métiers dont l’organisation opérationnelle diffère. Faisant le lien entre l’établissement et le siège, le responsable du Niveau opérationnel de déconcentration (NOD) dispose d’une délégation de pouvoirs étendue pour les ressources humaines, la gestion financière mais aussi pour tous les organes consultatifs nécessaires à la mise en œuvre de leurs responsabilités. (3)
En 2013, le résultat net part du groupe atteint les 627 millions d’Euros (contre 479 l’année précédente). La restructuration décentralisée permet une meilleure gestion des métiers. Le groupe La Poste se porte bien.
Cofely Ineo : l’heureux mariage du positivisme et des valeurs
Avec 2,3 milliards de CA en 2012, Cofely Ineo – filiale de GDF Suez – est en forme elle aussi. Le spécialiste du génie électrique, des systèmes d’information et de communication, fort de ses 15 500 collaborateurs, est lui aussi concerné par la décentralisation. « Avec 300 implantations en France, coordonner nos actions au plan local serait un exercice complexe et périlleux sur le plan opérationnel si nous n’avions pas opté pour un management entrepreneurial », explique Guy Lacroix, le PDG du groupe.
Ici aussi, l’esprit entrepreneurial est mis en avant, accompagné de valeurs fondatrices telles le respect, l’enthousiasme, l’exigence et la solidarité. Résolument positif, « le groupe a adopté directement ce que le psychosociologue Douglas McGregor a appelé la théorie Y. Elle suppose des relations reposant sur la confiance, la délégation et l’autocontrôle, avec des équipes qui s’impliquent et prennent des initiatives, plutôt que la théorie X, selon laquelle l’individu moyen n’aime pas travailler. » (6)
Cofely Ineo prouve – s’il en était encore besoin – que l’autonomisation des équipes couplée à la décentralisation est un gage de réussite. Cinquante-trois ans après la parution de son ouvrage, Likert n’est pas prêt de passer de mode.
(1) http://thoughtleadership.ricoh-europe.com/fr/thenextdecade/newera
(2) http://pernod-ricard.com/files/fichiers/Presse/Charte/flash/fra/pdf/Pernod_120709_Charter_complete_fra.pdf
(3) Instruction DGT du 28 septembre 2011 (http://www.intefp-sstfp.travail.gouv.fr/datas/files/SSTFP/Instruction%20DGT%2028%2009%2011%20organisation%20SST%20%C3%A0%20La%20Poste.pdf)
(4) http://blogs.mediapart.fr/blog/abahcmoi/310313/mr-lean-ou-comment-la-poste-s-est-servie-du-grand-dialogue-pour-developper-son-accelerateur-de-product
(5) Entreprises et décideurs, L'intuition organisationnelle selon Guy Lacroix, PDG de Cofely Ineo, groupe GDF Suez, 15 janvier 2013
(6) Cofely Ineo : zoom sur la constitution d’un géant de l’efficacité énergétique (http://www.corebusiness.fr/Cofely-Ineo-zoom-sur-la-constitution-d-un-geant-de-l-efficacite-energetique_a72.html)
Ici aussi, l’esprit entrepreneurial est mis en avant, accompagné de valeurs fondatrices telles le respect, l’enthousiasme, l’exigence et la solidarité. Résolument positif, « le groupe a adopté directement ce que le psychosociologue Douglas McGregor a appelé la théorie Y. Elle suppose des relations reposant sur la confiance, la délégation et l’autocontrôle, avec des équipes qui s’impliquent et prennent des initiatives, plutôt que la théorie X, selon laquelle l’individu moyen n’aime pas travailler. » (6)
Cofely Ineo prouve – s’il en était encore besoin – que l’autonomisation des équipes couplée à la décentralisation est un gage de réussite. Cinquante-trois ans après la parution de son ouvrage, Likert n’est pas prêt de passer de mode.
(1) http://thoughtleadership.ricoh-europe.com/fr/thenextdecade/newera
(2) http://pernod-ricard.com/files/fichiers/Presse/Charte/flash/fra/pdf/Pernod_120709_Charter_complete_fra.pdf
(3) Instruction DGT du 28 septembre 2011 (http://www.intefp-sstfp.travail.gouv.fr/datas/files/SSTFP/Instruction%20DGT%2028%2009%2011%20organisation%20SST%20%C3%A0%20La%20Poste.pdf)
(4) http://blogs.mediapart.fr/blog/abahcmoi/310313/mr-lean-ou-comment-la-poste-s-est-servie-du-grand-dialogue-pour-developper-son-accelerateur-de-product
(5) Entreprises et décideurs, L'intuition organisationnelle selon Guy Lacroix, PDG de Cofely Ineo, groupe GDF Suez, 15 janvier 2013
(6) Cofely Ineo : zoom sur la constitution d’un géant de l’efficacité énergétique (http://www.corebusiness.fr/Cofely-Ineo-zoom-sur-la-constitution-d-un-geant-de-l-efficacite-energetique_a72.html)