L’éthique : « capital » d’avenir
A en croire Gaël Giraud et Cécile Renouard, auteurs de « Vingt propositions pour réformer le capitalisme », « la place première prise par le profit occulte les autres finalités de l'activité économique, démobilise ses employés, dévalorise l'acte d'entreprendre, isole la société de son environnement ». Avec la crise, le profit à court terme déchante peu à peu, laissant la place à une vision plus humaniste : l’entreprise devient le lieu de la recherche d’un bien être personnel et collectif.
Les nouveaux patrons l’ont bien compris et font le pari que les hommes et les femmes travaillant au sein de leur entreprise soient leur plus grand capital. Michel Hervé, président fondateur du groupe Hervé, s’interroge autant sur les savoir-faire que sur le « savoir-être » qu’une entreprise performante doit posséder : « le management et l'organisation doivent être focalisés non plus sur le contrôle et la directivité, mais sur la libre initiative et la confiance ». Une démarche innovante qu’a choisi de suivre Favi, sous-traitant de l’automobile, en laissant les commandes à ses salariés. Cette méthode permettrait non seulement de satisfaire les désirs d’autonomie et de reconnaissance des salariés et de proposer des modèles alternatifs en période de crise.
Bertile Burel et James Blouzard __ , fondateurs de Wonderbox, ont également à cœur d’échafauder une organisation où respect et confiance sont la garantie d’un travail en bonne intelligence car « le respect n’est pas une valeur à géométrie variable. Si nos collaborateurs sont respectueux les uns vis-à-vis des autres, on sait qu’ils le seront avec les clients et les partenaires » affirme Bertile Burel. Le dialogue et la passion du loisir apparaissent comme les maîtres mots du management des quelques 250 salariés de Wonderbox, recrutés avant tout pour leur intérêt envers le projet d‘entreprise et leur motivation. « En procédant de la sorte, on peut espérer recruter des collaborateurs qui s’épanouiront personnellement dans l’entreprise, attacheront un sens à leur métier et feront preuve de conscience professionnelle » précise Bertile Burel.
Les nouveaux patrons plaident également pour une économie solidaire, porteuse d’un petit supplément d’âme et de véritables perspectives économiques. Cette nouvelle vision des affaires pèserait déjà 10 % du produit intérieur brut français. En outre, l’« écolonomie », mouvement alliant soucis écologique et performance économique, est également prisé. Ainsi, Emmanuel Druon entend réduire son impact sur l'environnement et de permettre une moindre pénibilité et dangerosité des postes au sein de son entreprise Pocheco, fabricant d'enveloppes de mise sous pli automatique.
Des nouveaux patrons connectés
Cette volonté d’une meilleure synergie au sein de l’entreprise voire d’une réduction des échelons hiérarchiques n’est pas étrangère à l’évolution des modes de communication. En effet, Internet et le boom des réseaux sociaux ne manquent pas d’influencer les nouveaux patrons désireux de transmettre cette culture de la Toile au sein de leur entreprise. Chez Lippi, les salariés ont reçu une formation afin d’apprivoiser les nouveaux outils informatiques que le PDG a mis au cœur de sa stratégie d’entreprise. Les salariés ont ainsi ouvert un compte Twitter et bénéficient de formation via des « webschool ». « C'est un moyen de résoudre plus rapidement des problèmes de façon collaborative ; l'information est plus fluide, plus rapide et circule en direct sans passer forcément par le chef » affirme Julien Lippi qui dirige l’entreprise. Cette nouvelle culture s’affiche également comme une nouvelle manière de garder un contact avec ses salariés. « J’ai parfois constaté que mes messages ne passaient pas, que les managers ne les transmettaient pas. En organisant des chats avec les salariés, j'ai pu rétablir un contact direct avec certains » affirme Dominique Giraudier, DG du groupe FLO. Une politique permettant de (re)créer un lien pour des entreprises campées sur des méthodes de management plus traditionnelles et parfois déconnectées de leur salariat.
A nouvelle philosophie, nouvelle formation
L’émulation est telle que les organismes formant les futurs dirigeants d’entreprises, se mettent à proposer des cursus en phase avec des stakeholders soucieux d’une performance économique mais aussi d’une éthique au sens large. L’heure n’est donc plus au « management reporting », symbole d’une organisation du travail standardisée mais au management relationnel, adepte de méthodes plus horizontales que verticales, et prônant un certain « bien travailler ensemble ». Nombreux sont les professeurs des grandes écoles qui attestent de cette évolution et relayent le message afin de sensibiliser les futurs patrons. La méthode « Freedom Inc », élaborée par Isaac Getz professeur de leadership et d’innovation à l’ESCP Europe, surprend dans un monde des affaires où les patrons de la vieille école ont dicté les règles de conduite. « Il faut repenser le cadre théorique des entreprises. Le champ du capital humain à exploiter est donc immense. Les entreprises qui réussissent sur le long terme sont celles où les collaborateurs sont écoutés, motivés, fidélisés » affirme Frédéric Jousset à l’origine de la nouvelle chaire d’HEC intitulée « le Capital Humain et la Performance ». Si les dirigeants évoluent, le personnel doit également être sensibilisé à ces nouvelles méthodes. Ainsi, des entreprises mettent en place des démarches de développement personnel pour leurs salariés afin que ces derniers prennent conscience et révèlent leur potentiel humain.
(*) http://www.lefigaro.fr/emploi/2013/01/21/09005-20130121ARTFIG00628-comment-les-tres-jeunes-patrons-gerent-leur-entreprise.php
A en croire Gaël Giraud et Cécile Renouard, auteurs de « Vingt propositions pour réformer le capitalisme », « la place première prise par le profit occulte les autres finalités de l'activité économique, démobilise ses employés, dévalorise l'acte d'entreprendre, isole la société de son environnement ». Avec la crise, le profit à court terme déchante peu à peu, laissant la place à une vision plus humaniste : l’entreprise devient le lieu de la recherche d’un bien être personnel et collectif.
Les nouveaux patrons l’ont bien compris et font le pari que les hommes et les femmes travaillant au sein de leur entreprise soient leur plus grand capital. Michel Hervé, président fondateur du groupe Hervé, s’interroge autant sur les savoir-faire que sur le « savoir-être » qu’une entreprise performante doit posséder : « le management et l'organisation doivent être focalisés non plus sur le contrôle et la directivité, mais sur la libre initiative et la confiance ». Une démarche innovante qu’a choisi de suivre Favi, sous-traitant de l’automobile, en laissant les commandes à ses salariés. Cette méthode permettrait non seulement de satisfaire les désirs d’autonomie et de reconnaissance des salariés et de proposer des modèles alternatifs en période de crise.
Bertile Burel et James Blouzard __ , fondateurs de Wonderbox, ont également à cœur d’échafauder une organisation où respect et confiance sont la garantie d’un travail en bonne intelligence car « le respect n’est pas une valeur à géométrie variable. Si nos collaborateurs sont respectueux les uns vis-à-vis des autres, on sait qu’ils le seront avec les clients et les partenaires » affirme Bertile Burel. Le dialogue et la passion du loisir apparaissent comme les maîtres mots du management des quelques 250 salariés de Wonderbox, recrutés avant tout pour leur intérêt envers le projet d‘entreprise et leur motivation. « En procédant de la sorte, on peut espérer recruter des collaborateurs qui s’épanouiront personnellement dans l’entreprise, attacheront un sens à leur métier et feront preuve de conscience professionnelle » précise Bertile Burel.
Les nouveaux patrons plaident également pour une économie solidaire, porteuse d’un petit supplément d’âme et de véritables perspectives économiques. Cette nouvelle vision des affaires pèserait déjà 10 % du produit intérieur brut français. En outre, l’« écolonomie », mouvement alliant soucis écologique et performance économique, est également prisé. Ainsi, Emmanuel Druon entend réduire son impact sur l'environnement et de permettre une moindre pénibilité et dangerosité des postes au sein de son entreprise Pocheco, fabricant d'enveloppes de mise sous pli automatique.
Des nouveaux patrons connectés
Cette volonté d’une meilleure synergie au sein de l’entreprise voire d’une réduction des échelons hiérarchiques n’est pas étrangère à l’évolution des modes de communication. En effet, Internet et le boom des réseaux sociaux ne manquent pas d’influencer les nouveaux patrons désireux de transmettre cette culture de la Toile au sein de leur entreprise. Chez Lippi, les salariés ont reçu une formation afin d’apprivoiser les nouveaux outils informatiques que le PDG a mis au cœur de sa stratégie d’entreprise. Les salariés ont ainsi ouvert un compte Twitter et bénéficient de formation via des « webschool ». « C'est un moyen de résoudre plus rapidement des problèmes de façon collaborative ; l'information est plus fluide, plus rapide et circule en direct sans passer forcément par le chef » affirme Julien Lippi qui dirige l’entreprise. Cette nouvelle culture s’affiche également comme une nouvelle manière de garder un contact avec ses salariés. « J’ai parfois constaté que mes messages ne passaient pas, que les managers ne les transmettaient pas. En organisant des chats avec les salariés, j'ai pu rétablir un contact direct avec certains » affirme Dominique Giraudier, DG du groupe FLO. Une politique permettant de (re)créer un lien pour des entreprises campées sur des méthodes de management plus traditionnelles et parfois déconnectées de leur salariat.
A nouvelle philosophie, nouvelle formation
L’émulation est telle que les organismes formant les futurs dirigeants d’entreprises, se mettent à proposer des cursus en phase avec des stakeholders soucieux d’une performance économique mais aussi d’une éthique au sens large. L’heure n’est donc plus au « management reporting », symbole d’une organisation du travail standardisée mais au management relationnel, adepte de méthodes plus horizontales que verticales, et prônant un certain « bien travailler ensemble ». Nombreux sont les professeurs des grandes écoles qui attestent de cette évolution et relayent le message afin de sensibiliser les futurs patrons. La méthode « Freedom Inc », élaborée par Isaac Getz professeur de leadership et d’innovation à l’ESCP Europe, surprend dans un monde des affaires où les patrons de la vieille école ont dicté les règles de conduite. « Il faut repenser le cadre théorique des entreprises. Le champ du capital humain à exploiter est donc immense. Les entreprises qui réussissent sur le long terme sont celles où les collaborateurs sont écoutés, motivés, fidélisés » affirme Frédéric Jousset à l’origine de la nouvelle chaire d’HEC intitulée « le Capital Humain et la Performance ». Si les dirigeants évoluent, le personnel doit également être sensibilisé à ces nouvelles méthodes. Ainsi, des entreprises mettent en place des démarches de développement personnel pour leurs salariés afin que ces derniers prennent conscience et révèlent leur potentiel humain.
(*) http://www.lefigaro.fr/emploi/2013/01/21/09005-20130121ARTFIG00628-comment-les-tres-jeunes-patrons-gerent-leur-entreprise.php